Référentiel métiers

Référentiel métiers
Interprètes et traducteur.rice.s ayant pour langue de travail la LSFB,
langue des signes de Belgique francophone

Par l’ABILS,
Association des interprètes et traducteur.rice.s en langue des signes de Belgique francophone

  1. Rôle des interprètes et traducteur.rice.s ayant pour langue de travail la langue des signes de Belgique francophone (LSFB)

1.1. Description générale

Les interprètes et traducteur.rice.s ayant pour langue de travail la LSFB sont des professionnel.le.s qui assurent la transmission d’un message entre locuteurs de cultures et de langues différentes, l’une des langues en présence étant la LSFB.

Ces deux corps de métiers sont reliés à un code éthique spécifique dont les piliers sont la fidélité au discours source tant au niveau du contenu qu’au niveau de l’intention du locuteur, la neutralité de positionnement, avant, pendant et après la prestation, et le secret professionnel en raison de la confidentialité potentielle de certaines informations qu’ils traitent.

1.2. Distinction entre interprète et traducteur.rice

Deux éléments principaux distinguent les interprètes des traducteur.rice.s : d’une part, la temporalité de leur prestation et, d’autre part, le recours ou non à des discours figés sur un support (textes écrits ou vidéos en LSFB) comme point de départ de leur travail
et comme rendu final.

Les interprètes travaillent à partir d’un discours émis en direct à retransmettre immédiatement. L’interprétation est rendue sur le moment-même et ne permet donc pas aux interprètes de prendre du recul sur leur production de la même manière que les traducteur.rice.s. Les interprètes travaillent dès lors souvent en équipe et ont besoin de se familiariser avec la matière en amont de la prestation.

Les traducteur.rice.s travaillent à partir d’un texte écrit vers un support vidéo et vice versa. La traduction est rendue de manière différée. Contrairement aux interprètes, les traducteur.rice.s peuvent ainsi revenir à plusieurs reprises sur le discours de départ et affiner le rendu final de leur traduction avant de la remettre au commanditaire. En cas de sous-titrage à destination des personnes sourdes, des paramètres spécifiques de vitesse de lecture, de nombre de caractères par ligne ou encore de code couleur sont pris en compte.

La production finale d’une interprétation et celle d’une traduction sont le fruit de stratégies différentes adaptées aux contraintes de travail propres à chaque métier. L’enregistrement en direct d’une interprétation (équivalent à un premier jet rendu instantanément) n’a dès lors pas valeur de traduction (équivalent au meilleur jet retenu parmi les différentes propositions envisagées durant le temps de travail qui y a été consacré).

1.3. Différentes pratiques

Vous trouverez ici un bref descriptif, non exhaustif, des pratiques de traduction et d’interprétation à partir de la LSFB ou vers celle-ci.
Ce descriptif ne peut en aucun cas remplacer un échange avec les professionnels concernés et avec les utilisateurs de la traduction ou de l’interprétation afin d’établir avec eux quels sont les besoins auxquels répondre. Chaque situation demande en effet une analyse spécifique pour définir au mieux quels moyens déployer afin que la communication soit la plus fluide possible et que le message soit accessible à tous.

En général, le traducteur.rice traduit vers sa langue maternelle ou naturelle. Ainsi, la plupart du temps, le traducteur.rice entendant traduira de la LSFB (vidéo) vers le français ( texte ou sous-titrage) et le traducteur.rice sourd du français (texte ou sous-titrage) vers la LSFB (vidéo). Les traducteur.rice.s peuvent ainsi par exemple contribuer à l’accessibilité de sites internet en français et en LSFB ou au sous-titrage de vidéos signées.

Les interprètes entendants interprètent de façon unidirectionnelle des discours soit vers le français soit vers la LSFB et de façon bidirectionnelle des échanges où les deux langues sont en présence (français et LSFB).

Les interprètes sourds interprètent d’une langue des signes vers une autre langue des signes (interprétation interlinguale, par exemple de la LSFB vers la VGT, langue des signes flamande) ou reformulent le message produit en LSFB dans une langue idiomatique (interprétation intralinguale).

Dans certains cas, les interprètes, sourds et entendants, peuvent avoir recours à l’interprétation tactile pour les personnes sourdes-aveugles, à l’interprétation à vue (à partir d’un texte écrit, via prompteur, sous-titrage, reconnaissance vocale ou autre), ou à la co-interprétation.

La co-interprétation est une interprétation en équipe mixte : interprètes sourds et interprètes entendants. Elle permet de bénéficier de la spécificité de chacun des interprètes dans des contextes où les langues de travail sont la LSFB et le français à l’oral.

Quelle que soit la situation, le professionnel de la traduction ou de l’interprétation doit être reconnu comme tel selon des critères d’accès à la profession bien spécifiques.

  1. Critères d’accès à la profession

L’interprétation et la traduction à partir de la LSFB ou vers celle-ci ne sont pas des professions protégées. Toutefois, des critères existent pour pouvoir les exercer.

En effet, les métiers de l’interprétation et de la traduction avec la LSFB comme langue de travail sont complexes. Ils nécessitent des connaissances linguistiques, culturelles et des savoir-faire techniques spécifiques. Par ailleurs, les professionnels doivent pouvoir évaluer chacune des situations pour lesquelles ils interviennent à la lumière du code éthique et se positionner en fonction. Une formation de langue, telle que des cours de LSFB, n’est dès lors pas suffisante à la pratique professionnelle de traduction et d’interprétation.

Chaque traducteur.rice et interprète doit donc avoir suivi une formation solide spécifique à son métier avant de rentrer dans la profession. Cette formation garantit qu’il a acquis les outils et les compétences pour offrir un service de qualité.

C’est pourquoi, en 2014, une formation universitaire à l’interprétation et à la traduction français-LSFB voit le jour. Une décennie plus tard, en 2023, un certificat interuniversitaire vient compléter cette offre de formation. Il a pour spécificité d’être accessible en LSFB et est destiné aux sourds désireux de se former aux professions de la traduction et de l’interprétation.

Depuis la mise en place de ces formations, les critères de reconnaissance1 donnant accès à la profession d’interprète ou de traducteur.rice avec la LSFB comme langue de travail sont les suivants :

  • Pour les entendants
Date d’entrée en exerciceAvant 2014À partir de 2014
(Date de mise en place du Master)
Diplôme du Bachelier belge “interprétation LSFB” de Promotion sociale (Délivré à Bruxelles et à Liège)Diplôme de Master en interprétation ou en traduction – combinaison de langues : français-LSFB ( Délivré par l’UCLouvain)
Diplôme universitaire équivalent (Master) de l’étranger (France/Québec/etc.) ET une expérience en Belgique démarrant avant 2014Diplôme universitaire équivalent (Master) de l’étranger (France/Québec/etc.) ET attestation UF/UE 12 de maîtrise de la LSFB
Réussite du Comité de Conduite des Interprètes (CCI) catégorie “OUI” de 2003 ou 2006
Suivi des deux formations en interprétation LSFB de l’institut
Marie-Haps organisée avant 2003 ET réussite du CCI catégorie “OUI” de 2003 ou 2006
  • Pour les sourds :
Date d’entrée en exerciceAvant fin 2024À partir de juin 2024
(Année de l’octroi du certificat à la première promotion d’interprètes et traducteur.rice.s sourds)
Être sourd ET avoir réussi le Certificat d’Université en interprétation en contexte juridique : milieu judiciaire et secteur des demandes d’asile (Délivré par l’UMons)Être sourd ET avoir réussi le Certificat interuniversitaire en langue des signes de Belgique francophone et français – module de spécialisation en traduction et interprétation par les sourds (délivré conjointement par l’Université Saint-Louis Bruxelles et l’UNamur )

1 Ces critères de reconnaissances ont été listés par l’ABILS et sont reconnus et repris par différentes structures qui ont recourt à des interprètes et/ou traducteur.rices. ayant la LSFB comme langue de travail, en Wallonie et à Bruxelles. Ils sont par ailleurs repris en annexe de l’arrêté 2023/1641 de la Commission communautaire française du 4 juillet 2024 modifiant l’arrêté 2017/1388 du Collège de la Commission communautaire française du 1er mars 2018 relatif aux services d’appui à la communication et à l’interprétation pour les personnes sourdes.