Conditions de travail

De bonnes conditions de travail doivent être mises en place afin de garantir une interprétation de qualité. Certaines conditions sont nécessaires dans toutes les situations d’interprétation (recevoir des éléments de préparation en amont, pouvoir compter sur une bonne gestion de la prise de parole des différents locuteurs sur place,… ) mais d’autres sont propres à des contextes spécifiques (avoir un retour son et image correcte en situation de conférence). Ces éléments permettent d’établir et de maintenir un cadre professionnel visant un service de qualité.

Temps de travail et nombre d’interprètes

L’avis de l’ABILS, sur base des recommandations de nos pairs à l’étranger, est :


Pour l’interprétation de conférence : les interprètes travaillent en binôme pour des conférences qui ne dépassent pas 2h-3h, au-delà, une équipe de trois interprètes est recommandée.


Pour l’interprétation de colloque/workshop/salon/formation : en fonction de la durée, du sujet, et de la demande, les interprètes travaillent à deux, trois ou plus.


Pour l’interprétation de réunions : si la réunion est en comité restreint et qu’elle dure moins d’une heure et demie, avec une pause, l’interprète peut travailler seul. Si la réunion rassemble un nombre important de participants ou qu’elle excède 1h30, deux interprètes seront nécessaires.


Pour l’interprétation d’entretiens individuels : Si l’entretien dure une heure, un interprète pourra le prendre en charge, au-delà, une pause sera nécessaire

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Pour l’interprétation de conférences de presse ou de communications officielles retransmises dans les médias vers la LSFB et pour les communications en situation de crise (désastre, etc.) : nous suggérons l’utilisation de la “co-interprétation” qui inclut un ou plusieurs locuteurs sourds dans l’équipe des interprètes.


Pour la traduction de texte en français vers la LSFB (par exemple à destination d’un site internet ou d’une campagne de sensibilisation) : nous recommandons le recours à des traducteurs sourds dont la LSFB est la langue A.
Et, si la traduction doit être réalisée vers le français, nous recommandons qu’elle soit prise en charge par un traducteur FR/LS dont le français est la langue A.


Enfin, il nous semble important que les interprètes puissent négocier et échanger directement avec les clients pour leur permettre d’analyser la demande et convenir de leurs conditions de travail ainsi que de leurs tarifs.

Préparation

Il est recommandé par l’ABILS (et également WFD et WASLI), de fournir de la préparation en amont aux interprètes. On entend par préparation, tout type de document qui serait utile à la prise de connaissance du contexte dans lequel l’interprète sera amené.e à travailler. Cela peut aller de l’ODJ jusqu’au discours complet s’il est disponible, en passant par les vidéos qui seraient diffusées.

Quel que soit le type d’intervention qui nécessite la présence d’un interprète, des éléments de contexte lui sont indispensables pour effectuer un travail de qualité. L’interprète vous demandera :

  • le cadre de la rencontre ;
  • les noms et fonctions des participants, s’ils se connaissent (une présentation des acteurs n’est jamais superflue) ;
  • les précédents éventuels (entretien, réunion, conférence, formation, information…) ;
  • les documents qui seront utilisés (texte, procès-verbal, diapositive, image, film…).

Tous ces éléments sont à fournir à l’interprète le plus tôt possible, idéalement dès la réservation. Plus les informations sont claires et complètes, plus l’intervention de l’interprète sera pertinente. Si cela vous est impossible, rencontrez le ou les interprètes avant le début de leur intervention. L’interprète est également à votre disposition pour répondre à toutes vos interrogations. Il est utile de donner le nom d’une personne de contact à qui l’interprète pourrait s’adresser pour poser quelques questions pratiques pour mener à bien sa mission.


Dans le cadre d’une intervention de type « conférence », la préparation en amont est indispensable. Selon la plupart des codes de déontologie, un interprète ou un service peut annuler une prestation si des éléments de préparation n’ont pas été fournis, ou insuffisamment à l’avance.

Sur place

Bonne visibilité et audibilité
L’EFSLI recommande que les interprètes en langue des signes soient bien visibles. Ni l’interprète ni les locuteurs de la LSFB ne doivent se trouver à contre jour.
Dans la plupart des cas, l’interprète est placé à côté de l’orateur. De cette façon, les participants sourds peuvent avoir l’interprète et le présentateur en même temps dans leur champ de vision.

La place de l’interprète varie en fonction de l’intervention :

  • Entretien en face à face : l’interprète se tient à côté de l’entendant, légèrement en retrait.
  • Réunion : l’interprète se positionne à côté du modérateur de séance. Attention, celui-ci doit absolument tenir son rôle, à défaut, l’interprète ne pourra tenir le sien.
  • Conférence : l’interprète se trouve sur l’estrade pour être bien visible. Une lumière spécifique est souvent essentielle, surtout si la salle est plongée dans le noir pour la diffusion de documents. En ce cas, l’interprète doit pouvoir visualiser les éléments diffusés, soit directement sur l’écran général ou mieux sur un retour suffisamment grand et de qualité.

Un retour sonore spécifique est indispensable à l’interprétation. Pensez aussi aux micros si les participants peuvent être amenés à s’exprimer.

Interactions, échanges
Une bonne gestion de la prise de parole dans les contextes d’interprétation impliquant un groupe est cruciale. Dans la mesure du possible, les interlocuteurs doivent éviter de s’exprimer en même temps.
L’orateur tentera de porter une attention particulière à l’interprète, afin de veiller au décalage ; sa vitesse de parole (ou de ses signes) sera normale (ni trop rapide ni trop lente).

La responsabilité de l’interprète étant d’interpréter entre les différentes langues pour lesquelles il est sollicité, il peut interrompre l’orateur pour des clarifications ou si l’orateur est inaudible. Comme stipulé dans le code de déontologie, l’interprète n’interviendra pas ou ne donnera pas son avis, excepté si cela concerne ses conditions de travail ou qu’une information doit être transmise pour lui permettre d’interpréter.

Prise en compte du décalage

L’interprétation, même simultanée, entraine un décalage de quelques secondes. N’attendez pas de réactions immédiates et ne soyez pas surpris si les personnes qui suivent votre discours grâce à l’interprétation réagissent avec « du retard ».
L’interprétation permet de faire un pont de communication entre deux langues et deux cultures, il peut arriver que les différences culturelles rendent la traduction difficile, voir impossible, et que les réactions soient surprenantes :

  • Il est souvent impossible de traduire de l’humour, et ce quelles que soient les langues de travail. Ne soyez pas surpris si votre interlocuteur ne réagit pas comme vous l’attendez.
  • Des éléments très culturels nécessiteront de longues périphrases pour leur interprétation. Pour exemple, tous les éléments qui se rapportent à la musique ont souvent peu de résonance pour la communauté sourde et inversement, le congrès de Milan ou Saint-Jacques ne signifient rien pour les entendants.
  • Si vous utilisez des termes spécifiques, propres à votre structure, des sigles, et même si tous les participants les comprennent, l’interprète pourra vous demander de les rendre plus explicites. Il est très difficile de traduire des éléments qui n’ont pas de sens.
  • De même, les locuteurs de la LSFB veilleront à expliciter les signes non standards qu’ils utiliseront. Ainsi, les noms-signes de personne ou de lieu doivent être suivis de leur épellation.